Au-delà d’une production locale, une réponse à des enjeux sociaux ?

Nous sommes partis il y a maintenant un mois… C’est le début d’une aventure qui va nous occuper pour les 2 prochaines années ! C’est avec une grande émotion que nous quittons la France le 21 septembre 2018 pour le Canada, avec une idée en tête, trouver des solutions véritablement durables pour faire face aux défis de l’alimentation de demain. Une quête que nous allons mener à vélo couché et caméra au poing !

 

 

Entre Vancouver et Portland, nous commençons à entrevoir le véritable potentiel de l’agriculture urbaine.

Très vite, dans nos recherches préliminaires, nous nous sommes rendus compte qu’il était assez illusoire de penser que les villes pourraient être autosuffisantes en production alimentaire. Selon une étude de l’Apur de février 2017, à Paris il faudrait cultiver une surface représentant 1,5 fois la taille de la capitale pour y arriver. Même en recouvrant tous les toits de Paris, on serait encore loin du compte.

 

 

Mais alors pourquoi faire un sujet sur l’agriculture urbaine si elle ne peut pas nourrir les villes ?

Nous avons découvert que cette forme d’agriculture avait sa place dans nos villes et un énorme rôle à jouer autant sur le plan social que pour sensibiliser une population urbaine déconnectée de son alimentation.

Vancouver et ses jardins partagés

A Vancouver, la ville mène une politique de grande ampleur depuis les JO de 2010 pour développer les jardins partagés. Il y en a maintenant plus d’une centaine à travers la ville. Par exemple, si un promoteur immobilier installe un jardin partagé sur un terrain en attente de construction, il se trouve exempté de taxes sur ce terrain jusqu’à la construction. Ces jardins provisoires restent ainsi plusieurs années en place tandis que d’autres sont permanents et appartiennent à la ville (mairie, écoles, parcs, hôpitaux etc.). On en retrouve aussi fréquemment sur des propriétés privées (devant les maisons, sur le terrain d’entreprises privées, anciennes stations services etc.). L’abonnement est annuel pour cultiver une parcelle privative et reste très accessible (moins de 50$ suivant la taille et l’emplacement).

 

Nous sommes allés à la rencontre d’une dizaine de personnes profitant de ces jardins. Au-delà de permettre un accès à des légumes frais et souvent bio,  nous avons très vite réalisé que ces jardins avaient un rôle capital à jouer en offrant un espace public de rencontres et d’échanges entre les habitants du quartier.

 

A l’hôpital St Paul de Vancouver, nous avons rencontré Kai, responsable du jardin partagé qui recouvre actuellement tout le toit de l’Hôpital. D’un lieu laissé à l’abandon, ils en ont fait un jardin accueillant où les patients viennent prendre l’air pendant que les habitants du quartier jardinent.

 

Atsumi est arrivée au Canada il y 50 ans. Grâce à ce jardin, elle fait pousser des légumes du Japon, son pays d’origine, de façon bio et locale. Auparavant, elle était obligée de les acheter dans des magasins spécialisés qui les importaient. Elle nous raconte aussi que certains patients viennent maintenant l’aider à prendre soin de ses parcelles.

Chargés de l’énergie positive de Vancouver, nous reprenons nos vélos pour rejoindre Portland où la ferme Zenger nous attend ! Une semaine de voyage entre soleil et pluie dans l’état de Washington.

Portland et ses fermes urbaines

« Keep Portland weird ». Nous en entendons parler depuis plusieurs jours… Nous découvrons une ville où l’original est la norme. Avec nos 2 vélos couchés nous la traversons complètement incognito !

Mais la ville a été durement frappée par la crise. Les prix des logements ont explosé en raison d’une brutale augmentation de la population venue principalement de Californie. Beaucoup de personnes se retrouvent aujourd’hui à la rue ou vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’accès à une alimentation fraiche et saine est un challenge pour beaucoup. C’est dans ce contexte que nous sommes allés à la rencontre de la ferme urbaine Zenger.

Elle se trouve dans un quartier défavorisé où comme nous l’avons constaté le jour du tournage, il est quasi impossible de trouver des produits frais. Zenger Farm fait de la sensibilisation quotidienne en accueillant de nombreuses classes des environs (primaires et collèges). C’est un espace de liberté et de reconnexion avec une nature bien souvent absente du quotidien de ces enfants.

Ils ont également mis en place un ingénieux système pour offrir à moindre coût de la nourriture fraiche aux plus démunis. Ils vendent une partie de leur production à un coût élevé aux restaurants chics de Portland tandis que l’autre partie de la production est destinée à prix réduit aux bénéficiaires de leur AMAP. Ces derniers peuvent demander une bourse en fonction de leurs revenus pour avoir toutes les semaines un panier de légumes et de fruits frais…

Le plus surprenant : le Health Program ou comment avoir des légumes frais sur ordonnances !

Les médecins des cliniques du quartier font des prescriptions médicales aux patients les plus nécessiteux qui ont un problème de santé lié à l’alimentation et à un manque d’accès à une alimentation fraiche. Ce sont souvent des immigrés, des sans abris ou des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Ce système est entièrement financé par les donations des cliniques avoisinantes. Les bénéficiaires de ce programme payent 100$ (à peu près 86€) à l’année au lieu de 500$, pour avoir chaque semaine, fruits, légumes, céréales et recettes comme dans une AMAP en France. Chaque semaine la distribution a lieu devant les cliniques. Uber participe également au programme en offrant des courses aux personnes non véhiculées et éloignées, pour venir chercher leur panier.

Dans un pays où le taux d’obésité touche particulièrement les plus démunis, l’accès à des produits frais devient une vraie mesure de santé publique.

Nous repartons inspirés pour rejoindre la Californie où se trouve notre prochain sujet ! Nous découvrons la beauté des côtes de l’Oregon mais aussi le froid et l’humidité omniprésente…

 

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9 Comments

Baptiste Leurent · 23 octobre 2018 at 19 h 51 min

Super ! Ça donne pleins d’idées , c’est vraiment génial !

Les Cyclomigrateurs · 5 novembre 2018 at 18 h 55 min

Où on découvre de belles expériences, loin des schémas de consommation habituels. Merci pour ce partage.
Accessoirement, nous apprenons que vous êtes derrière nous, puisqu’après la Californie nous sommes maintenant au Mexique. Peu de chances cependant qu’on se rencontre, dommage car quatre vélos couchés qui déboulent ensemble, ça aurait eu de l’allure…

    world.foodorama · 13 novembre 2018 at 1 h 52 min

    Merci à vous pour votre soutien ! En effet à nous 4 avec nos vélos couchés, on aurait pu créer le « Recumbent Gang » !! Si jamais vous trainez un peu au Mexique faites nous signe, nous mettons régulièrement notre position sur notre blog 😉

Caroline deconinck · 9 novembre 2018 at 9 h 44 min

Beaucoup de kms parcourus votre energie nous rechauffe le coeur on pedale de concert avec vous

    world.foodorama · 13 novembre 2018 at 1 h 52 min

    Merci Caroline ! Il reste 38 000 km à faire 😉

SYLVIE PERRIN · 16 novembre 2018 at 18 h 50 min

Hola Sylvain y tu esposa (no me recuerdo su nombre), soy Sylvie companera del curso de espanol…Su proyecto es apasionante y valiente, las informaciones y fotos muy interesantes…muchas gracias ! Que la cosa siga bien ! hasta el proximo mensaje !

    world.foodorama · 24 novembre 2018 at 4 h 03 min

    Hola Sylvie, mi esposa se llama Kalima 😉 Gracias por tu mensaje. Somos a Ensenada en Mexico. Vamos a tener una semana de curso intensivo de espanol. Pienso que lo necesitamos !

fabrechloe · 21 novembre 2018 at 14 h 54 min

On voyage avec vous! Merci pour les partages et la jolie carte 😉 J’ai croisé cette semaine certains de nos « petits producteurs » qui m’ont demandé des nouvelles de votre aventure, je leur ai fait passer l’adresse du site… Bonne continuation!

    world.foodorama · 24 novembre 2018 at 4 h 00 min

    Hello Chloé, merci pour ton message et de relayer le projet 😉 On est au Mexique et on va se poser quelques jours pour se mettre à niveau en espagnol! Bises

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